FCPI et FIP : sont-ils faits pour vous?

Des performances alléchantes depuis 2000 pour les meilleurs fonds, une réduction d'impôt pouvant aller jusqu'à 12.000¬. Les fonds communs de placement dans l'innovation et les fonds d'investissement de proximité ont des arguments pour vous séduire. Mais le niveau de risque des actions non cotées est élevé et les sommes versées en pratique bloquées pendant 7 à 8 ans. Ces produits ne conviennent donc pas à tous, loin de là. Quelques critères simples peuvent vous permettre de vérifier l'adéquation d'un investissement en FCPI/FIP au regard de votre situation patrimoniale et de vos attentes.

Principales caractéristiques

Un fonds commun de placement dans l'innovation ou FCPI (respectivement un fonds d'investissement de proximité ou FIP) est un fonds commun de placement à risques investi à 60% minimum dans des entreprises innovantes (resp. dans des PME régionales françaises), pour la plupart non cotées, dont au moins 10% dans des sociétés de moins de 5 ans s'agissant du FIP. Le solde de 40% maximum est constitué de placements financiers ou immobiliers librement alloués.

FCPI et FIP peuvent par conséquent être plus ou moins diversifés selon la politique du gérant mais sont quoiqu'il en soit majoritairement investis en actions non cotées. Ces dernières constituent une des classes d'actifs les plus risqués mais aussi les plus rémunératrices : la rentabilité annuelle moyenne d'un investissement dans le capital risque s'établit ainsi historiquement autour de 15%.

La rentabilité à attendre d'un FCPI ou d'un FIP est cependant plus faible puisqu'une part des investissements est réalisée sur des classes d'actifs moins risquées (actions cotées matures, obligations, immobilier...). Pour beaucoup d'équipes de gestion des FCPI/FIP, l'objectif est d'atteindre une rentabilité annuelle, hors avantage fiscal, supérieure de 2 à 3 points à celle du fond en euros d'une assurance vie. C'est-à-dire, en d'autres termes, la rentabilité annuelle des actions cotées (entre 6% et 7%) tout en préservant votre réduction d'impôts. Voir les performances historiques des FCPI et FIP.

Sur le plan fiscal, la souscription de parts de FCPI ou de FIP ouvre droit à une réduction d'impôt sur le revenu au titre des versement effectués jusqu'au 31.12.2010, à la condition, notamment, de conserver les parts pendant 5 ans.

La réduction est égale à 25 % des sommes versées, prises dans la limite annuelle de 12 000 ¬ pour une personne seule et de 24 000 ¬ pour un couple marié ou pacsé soumis à imposition commune. Ces plafonds s'appliquent séparément sur les FCPI et sur les FIP. La réduction d'impôt maximale est par conséquent de 12 000¬ pour un couple qui investisserait 24 000¬ en FCPI et 24 000¬ en FIP.

Attention : si la réduction d'impôt est supérieure à l'impôt exigible, l'excédent non imputé n'est pas remboursé. Il n'est pas non plus reportable sur l'impôt dû au titre des années suivantes.

A la sortie, les revenus et les plus-values sont exonérées d'impôt sur les revenus (mais pas des prélèvements sociaux de 11%) à condition que les parts du FCPI aient été conservées au moins 5 ans à compter de leur souscription.

Cérise sur le gateau, les FIP peuvent désormais donner droit à une réduction d'impôt sur la fortune égale à 50% des sommes investies et plafonnée à 10.000¬. Cette réduction n'est pas cumulable avec la réduction d'impôt sur le revenu. Pour être éligibles à la réduction d'ISF, les FIP doivent respecter certaines contraintes supplémentaires. Pour en savoir plus sur les réductions d'ISF pour investissement au capital de PME, vous pouvez consulter notre article Ne plus payer d'ISF : miracle ou mirage?

Voir le résumé des avantages et inconvénients des FCPI et FIP.

Critères d'analyse

Adéquation aux attentes. Pour vérifier l'adéquation d'un investissement en FCPI-FIP à votre situation patrimoniale et à vos attentes, vous devez d'abord vous interroger sur vos attentes financières concernant la somme à placer. Si vous recherchez des revenus réguliers ou souhaitez une bonne rentabilité pour un risque faible, les FCPI-FIP ne vous conviennent pas.

De même, si votre horizon de placement est inférieur à 7 ans, les FCPI-FIP ne seront pas adaptés. En effet, si la contrainte de durée de détention minimum n'est que de 5 ans sur le plan fiscal, elle est en pratique d'au moins 7 ans pour permettre au gestionnaire de réaliser les investissements dans les entreprises non cotées puis d'en sortir dans de bonnes conditions financières pour l'investisseur.

Les cessions de parts sont bien sûr libres et peuvent être envisagées à compter de la 6ème année sans remise en cause de l'avantage fiscal mais le marché secondaire est très étroit : il ne vous permet pas d'être certain de pouvoir revendre vos parts ni d'en tirer un prix proche de la valeur des actifs sous-jacents. Dans les cas exceptionnels prévus par la loi (licenciement et invalidité de 2ème et 3ème catégorie) vous pourrez cependant retrouver la disponibilité de vos fonds, y compris dans les 5 premières années tout en conservant l'avantage fiscal acquis, à condition toutefois d'éviter les fonds qui ne prévoient pas le rachat des parts dans ces cas exceptionnels.

En résumé, les FCPI-FIP sont bien adaptés aux investisseurs qui recherchent le potentiel de performance élevé des actions non cotées en acceptant de perdre une partie importante des capitaux investis et qui sont certains de ne pas avoir besoin des sommes placées pendant les 8 prochaines années ni de revenus.

Poids dans le patrimoine. Compte tenu du niveau de risque des actions non cotées, un investissement en FCPI-FIP n'a de sens sur le plan patrimonial que si vous avez déjà une épargne financière significative, son rôle étant alors d'optimiser le couple rendement-risque de cette épargne. Le fait d'ajouter une petite proportion d'un actif à fort rendement et à fort risque mais partiellement décorrélé de vos autres actifs permet en effet d'améliorer votre rentabilité moyenne avec un niveau de risque moyen équivalent (effet dit de "diversification").

Mais vous devez déjà disposer d'une épargne de précaution suffisante pour faire face aux imprévus de la vie et d'une épargne adaptée aux projets de court et moyen terme à financer. De plus, la diversification de votre épargne devrait idéalement commencer par des actions cotées avant de faire une place aux actions non cotées.

Donner des proportions idéales est par nature illusoire tant les paramètres patrimoniaux sont variés (emplois du patrimoine à moyen long terme, capacité à encaisser des pertes en fonction du solde budgétaire annuel...). En revanche, il serait avisé de ne pas consacrer plus de 10% de votre patrimoine de rapport ou plus de 20% de votre épargne financière à des FCPI-FIP sans un examen plus approfondi de votre situation patrimoniale. Ces seuils sont des ordres de grandeur pour vous aider à ne pas trop exposer votre patrimoine. Mais attention à tenir compte aussi du niveau de risque du fonds choisi : entre un fonds n'investissant que le minimum réglementaire en actions non cotées et plaçant le solde en immobilier d'entreprise et un fonds investi en quasi-totalité en actions non cotées, le niveau de risque n'ets pas le même !

Effectivité de l'avantage fiscal. La réduction d'impôt est en définitive un moyen d'abaisser le niveau de risque de votre investissement. Il serait dommage de ne pas en profiter en totalité. Attention donc à ne pas plafonner votre avantage fiscal que ce soit par le plafond annuel ou par le montant lui même de votre impôt (la réduction d'impôt non imputée n'est ni remboursable ni reportable sur les exercices suivants). Mieux vaut investir sur plusieurs années avec l'efficacité fiscale maximum. Cette technique présente d'ailleurs l'avantage de diminuer votre niveau de risque. Car vous le constaterez, les performances sont très différentes selon les millésimes.

Publié le 31 Octobre 2007